C’était il y a dix ans, je montais sur la scène du théâtre Elfo Puccini de Milan à la tête d'un orchestre en jeans. L'idée? Casser les codes en commençant par celui vestimentaire. Un premier pas dans une passionnante aventure artistique, humaine et intellectuelle qui dure encore aujourd’hui.
Il n’y a qu’en les remettant en question que l’on arrive à comprendre les implications de nos habitudes. Or celle du rituel classique s’est avérée être bien plus fondamentale que je ne l’imaginais lorsque je donnais ces interviews.
Je pensais vraiment alors que cela ne changerait que le rapport au public, le rendrait que plus fluide et immédiat, et je ne pouvais pas imaginer en revanche l’impact sur les musiciens eux-mêmes. Combien l’attachement au rituel était ancré dans les esprits de nombreux collègues, combien le mystère était chéri. Combien il était le symptôme d’un monde trop souvent (même si pas toujours, bien entendu) hautain et qui cultivait son détachement de la société avec passion, qui l’érigeait en valeur. Qui l’utilisait comme rempart contre la question: à quoi puis-je bien servir à notre monde actuel?
Aujourd’hui je me sens décidément moins seul: les codes ont évolué, et automatiquement aussi les envies des collègues artistes plus intrépides de se frotter à d’autres mondes musicaux. Car changer d’habit a signifié changer de groupe, changer sa manière de voir les choses. S’ouvrir à l’autre, relativiser les dogmes.
En dix ans, beaucoup l’ont compris, et avec courage ouvrent les yeux sur le monde. Personellement ces dix ans ont signifié 3 livres, une émission de télévision et une saison à présenter l'opéra, 7 productions du Lab (www.jeans-music.com), l'ouverture à la musique électronique et le retour à la composition, et dernièrement un festival et une saison.
Quel bel anniversaire pour mon JeansMusic Lab :-)
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